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Blog d'Olivier Issaly

Web 2.0 : quelle valeur pour la participation de l’utilisateur ?

On voit de plus en plus de réflexions autour de la question de la valeur du travail des utilisateurs de services 2.0 basés sur le User Generated Content. Je pense notamment à l’exemple frappant de Digg et la moitié du contenu généré par une poignée de gens. Je ne crois pas qu’il y ait beaucoup de sites 2.0 basés sur l’UGC qui rémunèrent leurs meilleurs participants. La question de la rémunération est très intéressante, je vois deux pistes de réflexion.

Espèces sonnantes et trébuchantes

En effet, si quelques personnes contribuent de manière significative à Digg, pourquoi ne seraient-elles pas rémunérées ? Il semblerait que l’expérience ait été menée sur le portail netscape.com, sans grand succès apparamment. Cela dit, comment identifier ces meilleurs contributeurs ? Faut-il d’abord qu’ils fassent leurs preuves avant de prétendre à un paiement ? Quid des 99% qui auront contribué sans atteindre un seuil significatif pour espérer se voir rémunérer ? Comment peuvent-il contrôler la valeur de leur travail ?

Sur ce sujet, les mondes virtuels comme Second Life me semblent très en avance. Quel rapport avec le Web 2.0 ? Tout d’abord, lorsque vous contribuez dans Second Life, tout ce que vous créez vous appartient légalement (les conditions générales des sites Web sont souvent moins généreuses). Ensuite, vous êtes en mesure de tirer profit de votre création, en récupérant de l’argent sur votre compte grâce à une correspondance entre monnaie virtuelle et réelle.

Quel est le métier de ceux qui vivent de leur activité dans Second Life par exemple ? N’est-ce pas de produire du divertissement pour les autres résidents du monde virtuel ? Est-ce une fonction si éloignée des producteurs de médias (blog, vidéos, etc…) qui servent les autres visiteurs des services 2.0 ?

Gestion des données personnelles

Il me semble que c’est sur ce point où il y a le plus de solutions à imaginer. Le Web 2.0 s’apparente à mes yeux de plus en plus comme une vaste machine destinée à en savoir plus sur vous pour toujours mieux cibler les publicités. C’est ce qu’évoque Karl en parlant d’Esclavage 2.0 mais aussi Ecosphere qui évoque « une effroyable usine à gaz ».

Prenons par exemple last.fm, service que j’apprécie beaucoup. D’un côté de la balance, je bénéficie d’un service qui donne des stats sympas sur ce que j’écoute, me permet de découvrir des « amis musicaux » et bien sûr de nouveaux sons. De l’autre je donne à last.fm une masse d’information sur mes gouts musicaux, et ainsi sur une part de ma vie. Je n’ose pas imaginer la richesse des informations qu’ils pourront extraire lorsque plusieurs dizaines d’années de ma vie musicale auront été compilées dans leur base de données. Je ne parle ici que de musique, mais combiner plusieurs services permettra sûrement à une machine de mieux me connaître que moi (ce qui d’ailleurs me fait craindre une concentration trop importante des services).

Alors, de quel côté penche la balance ? Le service est-il si gratuit qu’il n’y parait ? Je reçois un outil de stats sympa contre des informations sur ma vie : il y a bien un système d’échange de valeur. À la différence près que dans la majorité des cas si le service peut négocier ce qu’il donne (il maîtrise le code – code is law), l’utilisateur lui n’a pas de moyen de négociation dans le deal : soit il accepte ce que propose le service (via les conditions générales notamment), soit il n’en bénéficie pas.

J’entends par négocier être en mesure d’indiquer quelles données personnelles le service sera autorisé à exploiter, comment, et avec qui. Je lisais récemment Code : and others law of cyberspace (dont je recommande vivement la lecture) et bien que datant de 1999, Lawrence Lessig y évoquait déjà cette piste, notamment avec l’utilisation de P3P (je n’ai pas encore exploré cette techno hélas). On pourrait imaginer des outils intégrés au navigateur permettant de négocier avec le service Web l’usage de nos données personnelles. Si l’économie du Web, poussée par le marché publicitaire visant des cibles de plus en plus précises, continue à évoluer dans cette orientation où la monnaie d’échange réelle sont les données personnelles, alors il ne me semblerait pas choquant que celui qui possède cette richesse soit en mesure de négocier sa valeur.

D’autres pistes ?

On associe souvent à l’idée de Web 2.0 la notion de participation de l’utilisateur. J’ai essayé ici de distinguer deux formes de participation, à savoir le travail de création pure et l’envoi d’informations sur soi-même. Bien que je ne vois toujours pas en quoi cette notion est nouvelle sur le Web, je pense effectivement qu’elle prend de plus en plus d’importance, et qu’à se titre il conviendra tôt ou tard de réfléchir sur la valeur de cette participation. Je ne suis pas convaincu que la valeur apportée par les services Web 2.0 compense toujours celle de la participation de l’utilisateur, surtout quand on réfléchit à long terme. Et à ce titre, il faudra sûrement envisager de permettre à l’utilisateur de contrôler la valeur qu’il apporte. J’ai évoqué ici deux pistes, il en existe sûrement d’autres à inventer.

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