Il y a peu de temps, en traversant une galerie marchande, une charmante vendeuse m’interpelle pour me vanter les mérites de la nouvelle offre de téléphonie de Neuf-Cegetel, en commencant par me demander quelle offre j’utilise pour mes appels. Naturellement, je lui répond que tout mes appels se font depuis la Freebox car c’est gratuit : elle n’avait pas la Freebox dans sa liste des offres de téléphonie, et ne semblait pas connaitre cette offre !

Je suis actuellement en Nouvelle-Zélande jusqu’à mi-janvier. A ma grande surprise, on m’a raconté ici une histoire à peu près similaire. L’opérateur historique menant une enquête au téléphone pour connaître les attentes de ses clients pour les appels internationaux, il s’est avéré qu’ils n’avaient pas Skype sur leurs listes !

Est-ce juste une manière de nier la vérité et de ne pas reconnaître que des précurseurs comme Free avec sa Freebox ou Skype constituent un danger réel, ou est-ce réellement de l’aveuglement ? Je n’arrive pas à croire qu’ils ne prennent pas au sérieux ces nouvelles formes de téléphonie via Internet…

En ce moment je lis un bouquin très intéressant, The Innovator’s Dilemma, qui traite notamment de la différence entre sustaining innovations et disruptive innovations. Il y explique comment même des géants appliquant les meilleurs techniques de management peuvent se casser la gueule sur des innovations disruptives. Typiquement, ces innovations offrent moins que ce qu’attend le marché établi sur lequel opèrent les leaders qui continuent alors à écouter leurs clients avec les technologies existantes. Jusqu’au jour où l’innovation en question est en mesure d’etre compétitive dans le marché principal, et les leaders se retrouvent alors avec un gros retard.

Plus je lis ce bouquin, et plus je pense que c’est ce qui se passe avec la téléphonie via Internet. C’est encore terré dans un marché de niche, à savoir les adeptes d’Internet, disposant qui plus est de haut-débit. Cela fonctionne bien de PC à PC, de meme que de PC à poste fixe avec SkypeOut (que j’utilise de Nouvelle-Zélande vers la France, sans aucun problème). Tout ça soit gratuitement, soit à un prix sans commune mesure avec les tarifs internationaux de France Télécom. Quand SkypeIn ne sera plus en béta et qu’on pourra disposer d’un numéro fixe sur notre PC, ils seront en mesure d’affronter le même marché que France Télécom. Si on ajoute le fait que selon l’ARCEP le dégroupage total fait perdre à France Télécom environ 10 000 abonnés par semaine, on peut dire qu’ils ont réellement du souci à se faire.

Je n’en veux pas particulièrement à France Télécom, je m’inquiète surtout de savoir qui se chargera de l’effort de généralisation du haut-débit jusque dans les campagnes reculées, de même que de l’entretien des lignes, si ils commencent à perdre leurs bastions.

A suivre…