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Blog d'Olivier Issaly

Idée start-up – Conseil culturel

Cela fait un moment que je voulais commencer cette série. J’ai souvent des idées de start-up ou de business dont je sais pertinemment que je ne les mettrai jamais en oeuvre (la première raison est que j’ai plus d’idées que de temps pour les réaliser !). Alors pourquoi pas les partager et voir les réactions. Il y a de fortes chances que ces idées existent déjà ou qu’elles soient vouées à l’échec, n’hésitez pas à me le dire 🙂 J’ai pas mal d’idées à rattraper, mais je vais commencer avec une toute fraîche de ce matin.

Le constat

Ceux qui me connaissent savent que je suis passionné de bande-dessinées, à tel point que faute d’avoir trouvé un bon libraire dans le 15e, je fais encore régulièrement le trajet jusqu’à Orsay pour aller chez mon ancien libraire de BD. J’apprécie car j’y vais sans savoir ce que je vais prendre, et je suis rarement déçu de ses conseils.

Je me faisais donc la réflexion ce matin qu’on ne trouve plus dans les autres industries culturelles (musique et cinéma notamment) ce genre de petite boutique avec un vrai conseil. Sans rentrer dans le débat du piratage dont la BD et livre dans une certaine mesure semblent épargnés, il me semblait qu’il s’agissait surtout d’une incidence de la loi Lang sur le prix unique du livre. Cela favorise forcément les petites boutiques en leur permettant d’être à armes égales avec les mastodontes (Fnac.com, Amazon, etc.).

Partons de l’hypothèse suivante : si la loi venait à disparaître, il y a fort à parier que les petits libraires de quartier fermeraient les uns après les autres face à la concurrence des grands. La conclusion que j’en tirerai, c’est que la valeur ajoutée des petits libraires, à savoir le contact humain et le conseil, n’est pas actuellement payé à sa juste valeur; Ce service est sous-évalué, par la contrainte du prix unique. Après tout, vous payez le même prix chez un libraire avec le conseil que sur Amazon ou la Fnac.

Le concept

En suit une intense réflexion : finalement, quel prix serait-on prêt à payer pour ce service de conseil ? Ou plutôt, comment peut-on vendre ce service de conseil, indépendamment de l’achat de l’objet en lui-même ? Ce qui plait en soi, c’est le contact humain, l’échange, la discussion, la confrontation d’avis et de goûts.

Le business doit donc être axé autour du conseil et l’expérience d’achat, le reste importe moins. En l’occurence, ce que j’imagine, c’est un croisement entre un Starbucks et le petit libraire de quartier. Reste à savoir ce qu’on garde et retire de chacun 🙂 Du Starbucks, je garde les canapés, quelques bons cafés, chocolats, viennoiserie, le Wi-Fi et l’ambiance cosy. Le reste (le large choix de boissons et dessert, les sandwichs et salade, les goodies, les affiches pour la bonne conscience équitable, etc.) ne nous intéresse pas là. De la petite librairie, je garde surtout le conseil et l’expertise du libraire. En fait je ne garde que ça 🙂

Ayant appris le métier d’entrepreneur sur un business de virtual goods, c’est clair que je ne suis pas très intéressé dans la vente de produits physiques, encore moins dans un magasin physique. Un stock c’est compliqué à gérer, et le choix est forcément limité. Je veux bien faire du brick & mortar, mais il y a des limites 🙂 Donc j’imagine plutôt les libraires équipés de tablettes iPad ou Kindle passant commande au nom de leurs client directement sur Amazon par exemple.

Cela peut paraître absurde, mais il y a un gros avantage : le client n’est pas limité dans le catalogue, et peut choisir de le recevoir chez lui ou de repasser le lendemain au magasin une fois l’objet livré. Certes l’inconvénient, c’est de ne pas repartir tout de suite avec l’objet. Mais côté business, le gros avantage est de rester concentré sur la vraie valeur ajoutée : le service de conseil et l’expérience. Le magasin peut bien sûr avoir un certain nombre de livre, BD ou musique à disposition, juste dans l’optique de faire découvrir la sélection des conseillers.

Imaginez : vous entrez dans le magasin, ambiance cosy et chaleureuse, vous vous asseyez sur un des fauteuils confortables. Un vendeur vient vous voir, vous demande comment ça va, vous propose un café ou un chocolat chaud, et vous commencer à parler musique, cinéma, littérature ou bande dessinée, ou un peu des quatre ! La discussion s’enchaîne, vous sortez votre iPhone pour lui faire écouter votre dernière découverte, ce qui lui fait penser à une BD ou un film récent que vous découvrez sur une tablette. Vous accrochez, vous achetez. Même expérience possible avec des livres ou de la musique.

Le modèle économique

Potentiellement, rien de bouleversant, c’est un simple café. On peut imaginer de ne même pas prélever de commission sur la vente de chaque objet. Mais en revanche, d’avoir un abonnement mensuel ou annuel, donnant accès aux conseils des vendeurs, au service d’achat/réception de colis, et aux boissons. Un abonnement type « club détente culturelle » en somme. Voilà un moyen de vendre le conseil culturel, packagé dans un espace détente. Les objets eux sont vendus aux même prix que sur Internet, pas de marge dessus.

Les avantages de ce business sont la gestion relativement simples : un local bien aménagé, un petit comptoir de café, et des conseillers culturels. Rien de transcendant en soi. Face aux Fnac, livraires de quartier et autres France Loisirs, vous venez de déplacer les critères de concurrence du choix et du prix vers le conseil et l’expérience d’achat. Un nouvel océan bleu 🙂

Les difficultés : les conseillers doivent vraiment avoir une culture très large, et pour couvrir suffisamment de domaine, il faut un minimum de personnes pour qu’un client ne se trouve pas sans conseil. De même, il faut être en mesure de montrer une preview facilement, ce qui peut ne pas être évident pour la BD contrairement au livre et à la musique. Et c’est à mon sens un service assez haut de gamme quand même, donc réservé à des grandes villes.

J’en reviens finalement à la question initiale : quel prix seriez-vous prêt à payer pour ce service (dans le cas de boissons à volonté par exemple) ?

Note : je ne souhaite évidemment pas la fermeture de ces petits libraires, ce n’est qu’une hypothèse dans le cas où cette loi n’existerait plus, et une réflexion sur la valeur du service de conseil.

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5 Comments

  1. Jb

    Géniale cette série. Il y a tellement à faire et si peu de temps. Au moins cela vient de quelqu’un qui a déjà une expérience d?entrepreneur. Pour un salarié comme moi parler de telles choses me vaut souvent des haussements d’épaules méprisant.
    J’ai senti tout de suite venir l’océan bleu 😉
    Pour le concept évoqué ici je dirais qu’il est proche de ce qu’il manque à Paris : un endroit comme Starbucks : cosy et pas cher, pas branchouille et calme. Ce qu’on y vend c’est surtout un espace hors du temps. Tout le concept que tu évoque revient à offrir une parenthèse (culturelle ici) à des gens qui n’en n’ont que peu le loisir. Pour le service de conseil culturel je pense que l’on se concentre surtout sur les conseils de gens qui ont le même gout. Donc les vendeurs seraient certes des conseils et des passionés dans beaucoup de domaines, mais l’échange pourrait se faire entre habitués ou client. On peut imaginer non pas des tables séparées mais de long divan communs avec au millieu une longue table tactile servant de support pour entamer une discussion. On y affiche ses gouts, ses recherches, on vote pour écouter une musique dans les haut parleurs du café. En plus on peut poser sa tasse dessus. Pour le prix, j’ai peur que l’abonnement repousse plus qu’autre chose. Mais la boisson un peu plus chère pourrait servir de compensation. Je me vois mal payer pour les conseils d’un autre client. Par contre pour le temps que je passe dans le lieu, un concept de boisson à volonté pour une certaine somme, ou des boissons relativement chères (ala Starbucks) pourrait marcher.

  2. Chewbue

    En tant qu’entrepreneur qui cherche à percer le premier obstacle qui me vient à l’esprit sur ce concept est le capital de départ.

    Un local sympa dans lequel on peut recevoir quelques clients dans de bonne conditions ça coute cher ^^ Ensuite il y a les stocks, et enfin le coût le plus important à mon avis sera celui pour établir l’image de la marque. L’idée étant de créer qq chose de relativement nouveaux il faut éduquer les gens et associer le concept à ta marque… De mon expérience c’est assez compliqué et ça coute cher en com.

    Sinon je pense qu’en effet l’abonnement serait la bonne solution mais perso je le présenterais plus sous l’aspect de carte de membre. Le client paie un prix pour être membre du club, pas pour payer le service. Je pense que ça colle plus avec le concept de service haut de gamme, et que ça permet de plus facilement joué sur des ressorts sociaux pour créer une émulation.

  3. Jb

    Oui pourquoi ne pas populariser le concept de "Club privé" ?

  4. Olivier

    Oui cela peut être présenté comme un club privé 🙂

    Chewbue : justement il n’y a pas de stock à gérer, si ce n’est le débit de boissons.

  5. Chewbie

    Certes en effet pas de stock ^^

    Mais le cotés "lieu physique" me rebute un peu, ça doit être une déformation professionnel des informaticiens. J’associe ça à des coûts très élevé (ça c’est pour avoir chercher des locaux à certains moments et avoir vu le prix lol)

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