Sans rentrer dans le débat sur la langue française en informatique, il y a des termes français que je trouve nettement plus jolis et évocateurs que leurs équivalents anglais. Navigateur en est un : j’aime beaucoup l’idée de voyage, d’aventure, de découverte qu’il y a derrière le sens d’origine de ce mot.

Au fil du temps le Web évolue, et je m’aperçois, pour ma part en tout cas, que je navigue de moins en moins sur le Web. Je vous rassure, mon navigateur est ouvert en permanence, je passe mon temps sur le Web. Mais je ne navigue plus en tant que tel : je reviens sans cesse au point de départ. J’ai finalement peu de point de départs : mes quelques signets permanents sous la barre d’adresse, mon Twitter public, mes quelques fils RSS et Google pour la recherche.

Il y a quelques années j’avais commencé un bout de script pour mesurer sur une session de navigation la profondeur des visites : combien de sites j’ai découvert à la suite les uns des autres, sans revenir au point de départ ? Ce serait un bon indicateur pour qualifier la navigation sur le Web. Cela doit être possible avec la base de donnée d’historique de Firefox au format SQLite. Si quelqu’un s’ennuie ou connait un plug-in qui fait ça, je suis preneur 🙂

Cette réflexion sur la profondeur de la navigation est revenue depuis que j’ai un iPhone et plus récemment un iPad. C’est en les utilisant intensivement que je me suis aperçu que je finissais par tourner en rond, et sans cesse revenir à l’AppStore. Safari étant moins rapide et pratique que sur un ordinateur classique, cela n’invite pas non plus vraiment à la navigation sur le Web. Et j’ai pas l’impression de toute façon qu’Apple pousse en ce sens. On ressent rapidement que l’on est sur un système fermé et verrouillé en terme de contenu.

C’est là où, sans pour autant être capable de le décrire ou l’expliquer, je réalise à quel point l’hypertexte fait du Web ce qu’il est, une plate-forme unique en son genre. Ce qui m’inquiète dans le fond, c’est la structuration petit à petit vers des points d’entrées fixes. Une sorte de séparation sur le Web entre ceux qui assurent la découverte et et ceux qui fournissent le contenu.

Il est inévitable dans toute industrie que des distributeurs se forment et se structurent. Sur le Web, on a eu Yahoo, puis Google, plus récemment Twitter que je trouve effectivement formidable pour la découverte. Ces sites sont utiles, mais au fond par leur choix d’algorithmes ou de méthodes de présentation, ils formatent notre façon de découvrir du contenu. Au risque d’être finalement moins libre, ou tout simplement de passer à côté d’autres contenus intéressants.

Cela dit, pour découvrir du contenu sur le Web, encore faudrait-il que tous les sites en comprennent l’esprit. Exemple simple : j’ai essayé tout à l’heure, en partant de Twitter, d’aller le plus loin possible de liens en liens. Au bout du quatrième, je suis tombé sur un site corporate (celui d’Airbus pour ne pas le nommer). Certes, il est riche en contenu, mais on tourne en rond au sein des sites du groupe, il y a très peu de liens externes invitant à découvrir d’autres contenus. Un trou noir en somme en terme de navigation.

Voilà donc un principe de base : chaque page Web devrait inviter à naviguer vers d’autres sites offrant du contenu connexe. Simple mais efficace. Et paradoxalement, plus vous enverrez vos internautes vers du contenu externe pertinent, plus les gens reviendront sur votre site. Pour ma part, et pour conclure cette petite réflexion, je vous recommande la lecture de cet article sur la découverte de contenu.