Suite à la lecture de cette note sur le kelblog, quelques interrogations me sont venues.
Cela semble en effet très clair que des applications comme des suites bureautiques vont progressivement migrer vers le Web. Ce n’est pas vraiment une surprise en soit. Si on repense au pattern que décrit Christansen dans The Innovator’s Dilemma, les suites bureautiques sont dans le cas de figure d’un produit où la différenciation ne se fait plus sur les fonctionnalités : la très grande majorité des utilisateurs n’utilisent qu’une toute petite partie des fonctionnalités. C’est le signe qu’un produit radicalement plus simple, répondant au besoin réel, et se distinguant par d’autres attributs (ici, accessibilité par le Web entre autre) peut émerger.
En réfléchissant à l’apparition de ces suites bureautiques en ligne, cela m’a fait pensé à OpenOffice.org : à peine arrivé au stade de la reconnaissance, déjà dépassé ? M’était avis que l’émergence de suite en ligne ne serait pas vraiment un bon signe pour OpenOffice.
Mais en y réfléchissant bien, ce n’est pas si évident que cela. Il est certain que ces suites vont diminuer l’importance des suites classiques (je parle pas des vrais utilisateurs, dans les administrations par exemple). La baisse d’importance pourrait bien plus nuire à la suite de Microsoft qu’à OpenOffice. Si on y attache moins d’importance, autant prendre un logiciel gratuit et qui convient tout aussi bien, non ?
Je suis curieux de voir ce que cela va donner. On pourrait étendre cette réflexion au OS. Tout le monde s’accorde à dire que la navigateur va prendre de plus en plus d’importance vis-à-vis de l’OS. Est-ce que par l’avenir cette baisse d’importance va profiter ou nuire aux distributions Linux qui ont la particularité d’être gratuite ?
Nicolas
En effet, il semble que cette semaine bien des journaux et blogs parlent de suites bureautiques en ligne.
Mais meme si la différenciation ne se fait plus sur les fonctionalités, il est certain que les technologies dont les webmasters disposent aujourd’hui ne facilitent absolument pas la tache que représente le développement d’une suite bureautique en ligne.
Pierre Chappaz cite quelques suites bureautiques, en oubliant AjaxWrite (http://www.ajaxwrite.com/ ). AjaxWrite et AjaxXLS constituent des équivalents aux outils de Writely, avec cependant une particularité notable : ils se basent sur la technologie XUL de Mozilla, afin de recréer le confort d’utilisation d’un logiciel bureautique. Là où Google-Writely réinvente la roue pour faire des menus en javascript, AjaxWrite tire profit des widgets XUL pour un effort minimum et une certaine unité graphique par rapport au systeme de l’utilisateur.
Je suis partagé sur l’utilisation de XUL : d’un coté, tout refaire en JS est assez lourd, et le besoin de technologies permettant la migration des applis sur le web rencontre la puissance de XUL. D’un autre coté, XUL est fait par Mozilla et n’est pas un standard du Web à proprement parler; je crois que le W3C planche encore sur un systeme équivalent, mais il n’arrivera que dans quelques années. On pourrait presque comparer cela à l’évolution du support de CSS dans les navigateurs : encore quelques années à voir des idées etre limitées par la technique ? Aujourd’hui que des navigateurs modernes sont disponibles, on voit fleurir les boutons [Valid XHTML/CSS], et les tableaux ont été peu à peu remplacés; peut-etre en sera-t-il ainsi dans quelques années avec enfin des technologies adaptées.
Enfin, pour ce qui est de la gratuité, Karl en parlait bien dans son post expliquant sa décision de quitter Flickr : ces sociétés sont avant tout à but commercial, et je doute fortement que des entreprises acceptent de voir leurs documents internes gérés par Google ou Microsoft. Accepterais-tu de confier tes devis/factures/lettres à Google ?
Pas moi.