Intéressante question que celle de l’identité numérique. Un atelier sur le sujet était organisé par la Fing, qui semble avoir suscité beaucoup d’interrogations.
On peut voir notre identité numérique de plusieurs manières différentes, notamment :
- il peut s’agir de la somme de nos activités en ligne
- on peut considérer que chaque compte d’une application constitue en soit une identité numérique
- on peut définir une identité comme la somme des comptes d’application qui utilisent le même pseudonyme ou la même adresse e-mail
Je penche pour ma part plus vers cette dernière idée. À mes yeux j’associerai plus la notion d’identité numérique à ce que l’on veut représenter aux yeux des autres, qu’il s’agisse de renforcer un trait de notre identité réelle ou inventer une identité virtuelle. Si on reste sur la définition « somme des comptes partageant une identification commune (e-mail, pseudonyme) », on est bien dans un souci de cohérence vis-à-vis de l’exterieur. Par ailleurs, cette définition semble plus logique dans le sens où il est rare qu’une seule et même application satisfasse l’ensemble de nos besoins en matière de représentation (j’utilise par exemple kiad.org pour produire du contenu, last.fm pour mes goûts musicaux, linkedin pour mon parcours professionnel, etc.).
On pourrait cependant imaginer une logique plus « individualiste » où une identité numérique serait la somme des comptes servant une même identité, qu’ils aient en commun ou non un pseudonyme ou un e-mail. Du coup, si une personne externe ne peut pas faire le lien entre ces différents comptes/pseudonymes/e-mails, on tourne la notion d’identité numérique vers soi, vers un objectif de représentation personnel et individuel. Ce n’est pas forcément une démarche volontaire cela dit. Réfléchissez-bien, je suis sûr que vous trouverez différents univers numériques auxquels vous participez sous une même identité, mais sans lien permettant à des participants vous connaissant dans un univers de vous découvrir dans un autre.
Question bonus transverse : peut-on imaginer qu’un même compte d’application serve la cause de deux identités différentes ? Ou bien la notion d’identité est trop forte pour être scindée comme ça ? Hum…
Pour terminer, et pour y voir beaucoup plus clair sur le sujet, Dominique Cardon a publié une typologie de l’identité numérique. Plus précisément, l’article décompose sur une carte les différents univers numériques, et dégage quatre conclusions concernant l’impact de la visibilité qu’on donne à notre identité, la perméabilité de nos réseaux selon les identités auxquels ils sont attachés et enfin le lien entre la visibilité qu’on accorde à notre identité sur les réseaux et d’une part la composition de ces réseaux, d’autre part la navigation sur ceux-ci. C’est un excellent travail, vraiment stimulant à lire.
Un exercice intéressant est de se pencher sur cette carte, d’y placer les univers numériques auxquels on participe, et de réfléchir sur la manière dont on y gère notre identité et nos réseaux. Cela dit, la première réflexion à chaud qui m’est venue à la suite de cette article porte sur la gestion de notre identité dans le monde réel, sans tenir compte des moyens de communications récent comme Internet et le Web. Dans quelle mesure gérons nous nos identités (renforcement de certains traits ou identités plus ou moins virtuels) en fonction de nos réseaux personnels (famille, travail, amis, association, etc…) ? C’est vraiment un sujet passionnant 🙂
Stéphane Le Solliec
Je devais aller à l’atelier vendredi après-midi, mais en raison de problème de bagnole, je n’ai pas pu. Par contre, j’y étais samedi (sujet : web sémantique, mais on a parlé d’ID numérique aussi, et de socnet distribué) …
archi passionnant
😉