Karl nous fait part de son expérience de Twitter. C’est assez intéressant, notamment la partie Émotions que je trouve assez juste. J’ai aussi décidé de garder mon compte Twitter privé, afin d’y avoir une certaine liberté de ton avec des proches que je n’aurais pas sur ce blog public par exemple.
Par ailleurs, il y a un point que mentionne Karl et qui me gène de plus en plus dans les outils permettant de « gérer » ses relations sociales en ligne, c’est le peu de granularité que permettent ces outils comparé à ce que permet le monde réel. Au final, une relation sociale en ligne est est nécessairement formalisée : on « ajoute » quelqu’un comme « amis » sur Facebook, on « connecte » quelqu’un sur LinkedIn, on « suit » une personne sur Twitter.
J’ajoute, j’ajoute pas. Ami, pas ami. Connecté, pas connecté. Je suis, je suis pas. J’autorise à me suivre, ou pas. Les relations sociales en ligne sont finalement assez binaires, et provoquent leurs lots de frustration et de fortes réactions lorsqu’une connaissance nous place du mauvais côté.
Ces refus ne signifient pas forcément que la personne n’est pas appréciée, ils sont parfois dû à un mode de fonctionnement précis. Sur Twitter, je ne suis connecté qu’à des proches, et je tiens à ne pas mélanger avec le travail, indépendamment du degré d’affinité avec mes collègues. Sur LinkedIn, je ne me connecte qu’à des personnes que j’ai déjà rencontrées, par souci de maintenir un carnet d’adresse concrêt. C’est mon mode de fonctionnement.
Ce que je regrette plus que tout, c’est de ne pas pouvoir gérer mes relations comme dans le monde physique. Ce qui prend forme comme un refus explicite dans le monde virtuel est bien plus subtil dans le monde réel. Vous écrivez ou appelez plus ou moins souvent la personne par exemple. Vous répondez peut-être moins vite à ses mails, ou avec plus ou moins d’enthousiasme. Vous accordez plus ou moins d’importance et de priorité. Il ne s’agit pas d’aimer ou pas la personne, vous avez juste plus ou moins d’affinité, sans chercher à le quantifier.
Il existe tout un ensemble d’«outils» implicites et inconscients dans le monde réel qui permettent une vraie richesse dans les relations sociales, une plus grande granularité dans l’intensité de la relation sociale. Et cette richesse ne sera jamais formalisable dans les bases de données sur lesquelles reposent les services Web. Tout n’est à jeter cela dit dans le monde virtuel, encore une fois des vieux outils comme IRC, très informels, permettent une bien plus grande richesse dans les relations. Mais il n’y a pas de quoi s’extasier devant les fonctionnalités sociales des services Web, bien souvent il y a régression par rapport au monde réel.
Vincent
Si tous les outils implicites et inconscients devaient être reproduits par les outils sociaux, alors je pourrais par exemple dire que Olivier est mon ami selon une fonction f(x) = sin(x) * 100 % où x représente l’heure de la journée.
Ou alors, dire qu’Olivier est un ami suffisamment important pour qu’il accède à mes photos de vacances mais pas assez pour qu’il voit les photos de mon anniversaire.
Un tel niveau de précision dans l’amitié ne manquerait pas de générer entre "amis" un nombre important de conflits (pk tu veu pa ke je voi c photo lol ?).
Alors que le monde virtuel permet souvent de s’évader de la complexité du monde réel, le mode binaire permet justement de simplifier les relations et certainement de limiter ces conflits.
Olivier
Oui, dans le contexte purement virtuel, imposer un mode binaire d’entrée de jeu permet d’éviter les désagréments par la suite lorsqu’on veut partager ou échanger des choses. Je fais juste remarquer que ce mode est une régression par rapport au monde réel d’un point de vue relation 🙂
Et même par rapport à des outils comme IRC ou des forums de discussions, qui n’imposent pas d’être connecté ou non à des personnes pour faire connaissance.
Guillaume
"Et cette richesse ne sera jamais formalisable dans les bases de données sur lesquelles reposent les services Web."
Je ne suis pas d’accord là-dessus. Ce serait en effet fastidieux (c’est probablement pourquoi ce n’est pas fait du tout à l’heure actuelle), mais ce n’est, en soit, en rien impossible.
Olivier
Je dirais que le meilleur moyen de reproduire cette richesse, c’est justement de ne pas chercher à formaliser 🙂
C’est pour ça que je parle d’outils comme IRC ou des forums de discussions : rien n’y est formalisé. Toutes les relations se construisent au fil des discussions, selon les centres d’intérêts, selon le ton employé, la fréquence des discussions, etc. Bref que des choses inconscientes qui font qu’au final deux personnes s’apprécient plus ou moins (ce plus ou moins n’étant pas quantifiable, et encore moins binaire).
Vincent
Et pourquoi ce ne serait pas une amélioration ?
Lorsque tu émets une information sur Facebook (par un changement de statut ou l’upload de photo), tes amis binaires peuvent :
* rebondir dessus si ce sont de vrais amis (par exemple en postant un commentaire sur la photo)
* simplement aller consulter l’information
* demander à en « savoir moins sur toi » (pas lol)
Chacun choisit son niveau et ce n’est pas binaire.
C’est là que tu verras qui est dans ton cercle d’ami et qui n’est qu’un lointain truc dont tu connais à peine l’existence.
Lorsque tu « ajoutes un ami » sur un réseau, ce n’est pas un ami que tu ajoutes, c’est simplement un Contact.
Ce sont les relations que tu auras avec dans le réseau (et qui là ne sont pas binaires) qui permettront de reproduire la complexité des relations humaines (à la manière de IRC ou d’un forum).