Lecteur régulier du journal LeMonde.fr, c’est assez intéressant d’observer comment la manière de traiter l’information est en train d’évoluer petit à petit, notamment en matière de liens. Voilà entre autres ce que j’ai pu observer.
Ouverture au blog
Il y a eu d’abord l’ouverture au blog. Une plateforme de blog fut proposée sur lemonde.fr et plusieurs blogs sont reconnus comme officiels, comme celui de Transnet par exemple. Alors qu’ils étaient au début présents sur la homepage dans un encart spécifique, certains des billets de ces blogs sont désormais intégrés directement dans le flux général, au milieu des articles « normaux ».
Liens internes au Monde.fr
Le frémissement de la révolution à mon sens, c’est l’apparition de lien au sein même des articles. Pour quiconque s’étant déjà essayé à écrire sur le Web, cela peut sembler vraiment basique, mais visiblement c’est encore un exercice difficile pour les rédactions de médias classiques.
Sont donc apparus, progressivement, deux types de liens au sein des articles : des liens vers des fiches de personnalité, ainsi que des liens vers d’autres articles du Monde traitant de sujet similaire. Concernant le second type de lien, cet article d’aujourd’hui en est une illustration parfaite, avec un lien à chaque paragraphe ! Il faudra encore cela dit qu’ils apprennent à mettre les liens non pas entre parenthèse à la fin, mais directement sur le contenu approprié.
Liens externes vers des concurrents ?
Et voilà maintenant la vraie révolution à mon sens : LeMonde.fr intègre des liens vers sites externes, qui plus est des médias potentiellement concurrents. Deux exemples aujourd’hui. Le premier est un lien vers le site de Ouest-France au sein d’un article sur un préfet muté.
Plus surprenant encore je trouve, un lien direct vers Les Échos sur la page d’accueil dans le fil d’actualité. Cela dit LeMonde.fr ne perd pas le nord pour autant, ils ont pris soin de placer un rel="nofollow"
dans ce lien, ne donnant donc aucun bénéfice aux Echos en terme de référencement naturel. On trouve dans ce même fil des liens vers tf1.lci.fr ou bien vers rmc.fr.
Conclusion
Le concept de link journalism n’est plus nouveau, mais il a encore du mal à être compris. C’est pourtant simple : plus vous proposez de liens sur votre site pour renvoyer vos visiteurs ailleurs, et plus ils reviennent sur le votre ! Cela semble paradoxal, et c’est pourtant ainsi que fonctionne les moteurs de recherche comme Google ou des services comme Digg ou Kelkoo.
J’ai donc vraiment l’impression qu’on assiste à un tournant, où les rédactions semblent commencer à tirer parti de la puissance d’un lien hypertexte. Plus que le fait d’intégrer du contenu externe au site, ce qui est signe d’une vraie prise de conscience c’est le fait que ce contenu vienne s’immiscer dans le contenu propre au Monde, sans que rien ne permette de distinguer les deux types de contenus, sauf à cliquer sur le lien.
J’espère cependant qu’ils auront la présence d’esprit sur la page d’accueil de laisser le bloc du Post.fr bien à part et de ne pas intégrer le contenu qui en provient dans le flux principal, compte-tenu du faible niveau de qualité de ce nouveau média…
Alexis
Il me semble que c’est là une dérive de la technique du trou noir propre à Wikipédia. Dans cette méthode, le site ne contient quasiment que des liens en interne, tous ses liens externes étant "nofollow".
L’utilisateur gagne en points de vue et développements différents de l’information, et le site, déjà référence dans son domaine, ne laisse pas échapper une miette de son ranking à ses compétiteurs (le but étant de gagner des places sur les pages de résultat des moteurs de recherche, ici google avec le "nofollow").
Olivier
Effectivement, on peut le voir comme une dérive, je déplore aussi la dérive de Wikipédia qui après avoir bénéficié pendant des années de liens entrants de nombreux sites, lui permettant de se retrouver en tête sur la plupart des recherches, a décidé de ne plus redonner de crédit (du fait du nofollow) aux liens sortant.
Pour moi l’équilibre est cassé, ce n’est pas fair de la part de Wikipedia (même si le motif – lutte contre le spam – est juste).
Pour revenir au Monde, j’observe de plus en plus ces liens, et il faut noter que tous ne sont pas avec des nofollow, surtout ceux au sein des articles. J’ai l’impression que les journalistes ont une certaine liberté à ce niveau, cela donne des articles sans liens, d’autres avec liens, certains avec nofollow, d’autres sans… Rien de très coordonné encore 🙂