Google serait-il plus évolué et moderne que le Web 2.0 qui fait tant jaser ces derniers temps ? Bien que lancé en 1998 (so Web 1), je pense que oui, du moins en terme d’architecture. Les moteurs de recherche sont intégrés au sein du Web exactement comme j’imagine les applications 3.0 : le service proposé est complètement dissocié des données sur lesquelles il opère. C’est un point fondamental de l’architecture à mes yeux, et quand j’observe certains service Web récents, j’ai l’impression qu’il y a eu regression plus que progrès dans les architectures de certains services Web, aussi novateurs soient-ils.
Deux catégories d’applications illustrent parfaitement ce propos : les sites de rencontres et plus généralement ce qu’on appelle les réseaux sociaux. Je range dans cette catégorie les Meetic, Viadeo et autres LinkedIn. Ces services dits Web 2.0 sont en fait assez archaïques d’un point de vue de l’architecture dans le sens où le service proposé (les mises en relation, la recherche de personne) est complètement lié aux données sur lesquels ils opèrent (votre parcours scolaires et professionnel, vos goûts et passions, etc…), puisque les deux sont contrôlés par la société proposant le service. Outre le fait que c’est particulièrement pénible d’avoir à remplir plusieurs fois son profil (étant déjà inscrit à Viadeo, ma fainéantise a eu raison de LinkedIn quand on m’y a invité : j’ai rempli le strict minimum), cette architecture pose un vrai problème de contrôle de ses données personnelles.
Dans un Web tel que je l’imagine, ces services fonctionneraient de manière décentralisée. Viadeo ou LinkedIn peuvent proposer les même services non pas en stockant eux-même les données, mais en allant les chercher à la source. C’est à dire chez l’utilisateur, sur son site personnel, son « chez-soi » virtuel. Comment pourraient-ils procéder ainsi ? En analysant les fichiers RDF liés aux pages du blog ou sites de l’utilisateur, ou bien en recueillant les informations disseminées au fil des pages via des microformats.
En allant plus loin, on peut imaginer que l’utilisateur associera à son OpenId avec lequel il s’inscrira au service un ensemble de règles lui indiquant quelles données il peut recueillir et pour quels types d’usages (interne, partenaires, etc.). On disposera alors d’un mécanisme de négociation des données personnelles entre l’utilisateur et le service Web, ce qui me semble important à l’heure où une majorité de services dits gratuits se paient en fait avec ses données personnelles. Oui, on peut même rêver d’un Web éthique 🙂
Cette architecture requiert certes qu’une majorité des internautes disposent d’une blog ou site personnel qu’ils alimentent de leurs informations personnelles. Et encore avant, cela suppose que les internautes aient pris conscience de l’importance des données personnelles. En revanche, j’ai bien peur que les trois géants (Google, Yahoo!, Microsoft) aient pris une avance inconsidérable pour mettre en oeuvre cette architecture. Analyser le web pour proposer un service décentralisé nécessite en effet une puissance matérielle non négligeable. En tout cas, je n’ai jamais trouvé le slogan du W3C (Leading the Web to Its Full Potential) aussi pertinent : il y a encore énormément à faire !
À lire aussi au sujet d’OpenId et des réseaux sociaux décentralisés : Six cool things you can build with OpenId.
Note : Google est loin pour autant d’être un modèle en matière de contrôle de sa vie numérique. Pour peu que vous ayez un minimum d’activité sur le Web, une recherche sur votre nom et prénom (ce qui est presque devenu un réflexe quand on veut en savoir plus sur une personne) se transforme presque en CV qui en dit long sur vous. À la différence près qu’il est difficile d’en maîtriser le contenu, et on retombe sur les problématiques d’anonymat ou de droit à disparaître. Encore un autre sujet…
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