La proposition de François Hollande de taxer à pus de 75% les revenus au delà d’un million a eu au moins un mérite : celle d’évoquer la question des entrepreneurs, potentielles victimes de cette balle perdue visant à priori plutôt les rémunérations indécentes de dirigeants du CAC 40 ou de sportifs.
Pour un pays aussi peu entrepreneur-friendly comme la France, ce fut intéressant de voir le sujet abordé par de nombreux médias y compris lors d’émission TV à forte audience. Au point par exemple de voir David Pujadas demander à François Hollande si la mesure ne risquerait pas de faire fuire des Bill Gates, Steve Jobs ou Mark Zuckerberg en herbe, avec les lourdes pertes imaginables pour l’économie. Ce même argument apparaît aussi dans un article du Nouvel Observateur qui cite Denis Payre : « Ne cassez pas le rêve [?] L’entrepreneur en herbe aspire à devenir Steve Jobs. Si vous lui retirez la perspective de devenir riche, il ira créer sa boite ailleurs ou ne la créera pas du tout ».
Ne boudons pas notre plaisir, non seulement la cause des entrepreneurs est débattue dans le grand public mais encore plus précisément celle des jeunes entrepreneurs en herbe. Peut-être un effet du film The Social Network ! Pourtant, aussi symbolique et efficace soit-il en terme de communication, cet argument me semble totalement erroné1.
Tous ces grands entrepreneurs US pris en exemple ont créé leur entreprise très jeunes. Sérieusement, qui peut penser qu’à 20 ans, on se lance ou pas dans la création d’une start-up en fonction de la fiscalité ? Non, clairement, quand on se lance à 20 ans ou même avant, c’est avant tout par naïveté, inconscience, rêve d’aventure ou envie de changer le monde, ou un peu de tout ça ! Si on veut vraiment se soucier des jeunes entrepreneurs en herbe en France, le débat devrait plutôt porter par exemple sur la valorisation de l’expérience par rapport au diplôme dans la vie professionnelle.
Alors oui, la question fiscale se pose plus tard lors de la sortie, et a fortiori pour les serial entrepreneurs ou les business angels. Quoiqu’on fasse, il est indispensable qu’il y ait une juste rémunération du risque pris, sans quoi on ne fera que miner un peu plus le peu de culture entrepreneurial qu’on a. Mais pour ce qui est des jeunes entrepreneurs en herbe, à mon sens il ne devrait y avoir qu’une seule ligne directrice : qu’on les laisse entreprendre en paix et suivre leurs visions pures de toutes considérations « adultes » !
J. Tessier
Il est clair qu’un jeune entrepreneur ne se pose jamais la question de la fiscalité.
Par contre quand il lance sa 2ème ou 3ème boite … A croire qu’il se pose sérieusement la question puisque une part non négligeable part à l’étranger où l’administration semble plus clémente et la fiscalité plus douce !
Droit du travail très fort + fiscalité allucinante = départs de certains entrepreneurs !
Heureusement que certains restent pour alimenter les caisses de l’état.