Oui je sais, c’est une obligation légale, on ne devrait même pas avoir à évoquer des raisons de la respecter. Pour ma part, cela fait un peu plus de deux ans que j’ai décidé de ne plus griller les feux1, et je n’y vois que des avantages.
Mais je dois bien avouer que je me sens souvent seul au feu, voire un peu bête, la majorité des cyclistes les grillant. Ce n’est pas une question d’âge ni de matériel utilisé ni de type de carrefour, c’est juste généralisé, soyons honnêtes…
Alors voilà à l’usage quelques bonnes raisons de reconsidérer cette mauvaise habitude.
Réduire l’effort
À vrai dire, c’est la première raison qui m’a incité à respecter les feux. J’ai un vélo classique, mécanique, et en plus je ne peux m’empêcher de me donner à fond en vélo. Autant dire que le problème de la transpiration s’est vite posé. J’ai commencé par m’équiper d’un porte bagage pour éviter le sac à dos qui amplifie le problème mais ça ne suffit pas.
Respecter les feux est venu naturellement, car ça me permet de marquer des pauses. Je souffle un peu et j’évite de trop transpirer ainsi. Accessoirement, ça permet de vérifier l’itinéraire sur son téléphone en toute sécurité, au lieu de le faire en roulant (oui, ça m’arrivait aussi).
Être en sécurité
On me rétorque souvent que faire du vélo en ville, en particulier dans Paris, est dangereux. La première réponse à cela est qu’en respectant le code de la route, on se retrouve bien moins souvent dans des situations dangereuses. Étonnant non ?
Fini les situations au milieu d’un carrefour, avancé sur les passages piétons au delà du feu, à jouer avec le pédalier pour pas remettre pied à terre, en attendant de trouver un moment pour se glisser entre deux flots de voitures. Les stops sont aussi étrangement bien moins dangereux quand on a marqué l’arrêt et pris le temps de regarder si d’autres usagers arrivaient.
Apprécier l’architecture
Je fais beaucoup de vélo dans Paris, et la première chose qui m’a frappé en m’arrêtant au feu, c’est l’architecture des immeubles. Pendant quelques dizaines de secondes, vous pouvez lever la tête, et observer les façades d’immeubles.
Et il y a bien plus de détails qu’on ne l’imagine quand on se contente de regarder le bas des immeubles. Je pense en particulier aux ornements bien sûr, au subtil mélange de matériaux parfois ou encore mon préféré, les frontons portant des inscriptions. On a vite fait de replonger dans l’histoire de Paris, quand on voit que les immeubles furent bâtis pour telle société d’ouvrier, pour telle fondation, pour telle communauté ou syndicat, etc.
Avoir la conscience tranquille
Comme on dit, il faut savoir balayer devant sa porte. Alors si vous voulez critiquer librement les autres usagers qui ne respectent pas toujours le code de la route, le mieux est de commencer par le respecter soi-même, et avoir ainsi la conscience tranquille !
L’autre avantage, c’est qu’ainsi vous donner une meilleure image des cyclistes, qui ne sont pas plus au dessus des lois que les autres. Ma bonne action préférée est de m’arrêter au passage piéton, celui sans feu où personne ne s’arrête. Les piétons sont en général tellement agréablement surpris, ça vaut bien un coup de pédale supplémentaire pour repartir !
Ne pas faire aux autres ce qui vous ferait peur
Les cyclistes sont prompts à défendre leurs droits, notamment que leurs pistes cyclables ne soient pas utilisées par les autres usagers, ou qu’on ne les mette pas en danger en les doublant.
En respectant les feux, vous permettez aux piétons de traverser en toute sécurité, sans avoir à se demander si un vélo (ou autre usager) ne va pas les mettre en danger. Ne faites pas aux usagers plus vulnérables que vous, ce qui vous ferait peur de la part d’usagers moins vulnérables (auto, moto, scooter, etc.).
Encore une fois, la meilleure attitude est de considérer que la loi est ainsi, et qu’il faut la respecter. Elle permet à tous les usagers de profiter des mêmes infrastructures en toute quiétude. On en est loin à Paris, je sais, mais on peut rêver 🙂
Précisions suite aux commentaires :
- j’ai un vélo pliant Strida très léger (9kg), le re-démarrage ne présente pas un effort énorme en pratique.
- je ne juge pas si les feux sont la meilleure infrastructure dans une ville future avec majoritairement des vélos. Mais aujourd’hui ils sont là, et le code requiert de les respecter.
- je ne parle pas des panonceaux M12 qui sont bien sûrs légaux. Je parle de griller des feux sans panonceaux M12 (ou dans une autre direction que celle autorisée par le panonceau, ou sans respecter la priorité des autres usagers)
Mickaël
J’aimerais bien savoir ce qui explique le 1% de faiblesse du coup 🙂
Je fais de même maintenant, pour le principal motif d’avoir la conscience tranquille (et de ne pas me faire insulter par les automobiliste, ce qui m’arrivais parfois).
Cela dit les feux sont souvent très inadaptés pour le vélo, et je trouve qu’il est beaucoup plus fatigant de s’arrêter et de repartir souvent aux feux, que de les glisser.
Olivier Issaly
Parfois ce sont les feux de petites rues avec peu de circulations, en pleine côte, où j’ai pas envie de perdre ma lancée… Comme la rue St Jacques et le feu juste avant d’arriver au Panthéon… Mais c’est un peu idiot, car ça me permettrait justement de faire une pause 🙂
Guillaume
Je respecte moi-même les feux (sauf ceux avec détection qui ne me détectent pas) parce que je tiens à ne pas être ce « cycliste qui fait n’importe quoi ». Ceci dit, je ne suis pas d’accord sur l’aspect fatigue : de mon point de vue, c’est beaucoup plus fatiguant de s’arrêter pour repartir.
Je trouverais logique d’ailleurs que les stops soient en réalité des cédez-le-passage pour les cyclistes.
Olivier Issaly
Je précise que je roule en Strida, un vélo pliant de 9kg. Les re-démarrages ne sont pas du tout un souci avec un poids plume. En Vélib par contre c’est autre chose…
Fabrice
De même. Peut être la nuit quand il n y a pas de circulation ni de piéton.
Il est un peu plus difficile c’est vrai de reprendre après un arrêt surtout en montée. Mais les mollets et les vitesses sont là pour nous aider
Ce qui est bien triste, c’est que même les feux spécifiques vélos ne sont pas respectés par la majorité. Ou les feux combinés aux couloirs de bus et décalés avec la circulation générale (bd rochechouart notamment au niveau de clignancourt)
Je me trompe peut être je ne crois pas qu’il y ait beaucoup de STOP à Paris. Pour les véhicules à moteur, je crois qu’il n’y en a que 2 dont un vers la voie georges pompidou
Olivier Issaly
Oui, je me suis fait la réflexion au fur et à mesure que les feux spécifiques pour vélos apparaissent. Difficile de ne pas les respecter alors qu’on plaide sans arrêt pour des infrastructures dédiées, et pourtant je me sens encore plus seul et « bête » quand j’attends devant ces petits feux alors qu’il y a personne autour 🙂
Pour les stop effectivement c’est rare, par contre il y a pas mal de priorité à droite dans les petites rues, et c’est plutôt bien je trouve en vélo, ça n’oblige pas à l’arrêt, juste à être prudent.
Mickaël
Selon ce site, il n’y a qu’un seul stop à Paris. https://vivreparis.fr/paris-il-ny-a-quun-panneau-stop/
Valérie
Bravo, pour cet article ❤
Effectivement cela m’a effleuré l’esprit depuis un moment et je les respecte de plus en plus 😊, d’autant plus que c’est la 1ère replique que vont argumenter les automobilistes. « Oui mais les cyclustes grillent les feux » . Alors autant leur montrer que PAS tous 😊. Sinon, comme toi, j’adore la surprise des gens que tu laisses traverser aux passages protégés et mêmes les autres aux feux.
Olivier Issaly
Merci 🙂
Thomas
Je te rejoins totalement sur tous les points que tu as évoqués !
Au début je respectais peu les feux (en faisant toujours attention de ne causer aucun risque ni aucune gêne), considérant je pense que c’était acceptable, voire « mérité », au regard des nuisances que je ne causais pas en faisant l’effort de faire du vélo.
Mais effectivement, depuis que je respecte à 99%, je me sens beaucoup plus légitime à défendre le droit des cyclistes lorsqu’il est bafoué …
Et concernant l’effort, quand je roule d’une traite sans m’arrêter, je transpire à la fin, une fois l’effort terminé, ce qui est très désagréable. En s’arrêtant régulièrement, je transpire un petit peu tout le long, et ça rafraîchit, c’est fait pour ça 🙂 Et on prend vite l’habitude de changer de vitesse avant l’arrêt, pour redémarrer plus facilement.
Olivier Issaly
Comme je disais plus haut, pour les redémarrages, cela dépend du vélo aussi. J’ai un Strida pliant de 9kg, je ne sens pas vraiment l’effort de redémarrer. Avec un VAE je pense que c’est pareil, c’est pas trop un sujet.
Barnabé
Je respecte les feux pour tous les avantages cités, hormis la sécurité. C’est beaucoup plus dangereux de suivre le flot des voitures, et surtout on s’expose à toutes les incivilités crasses des 2RM qui n’hésitent pas à nous couper la route de tous les côtés ou à brûler le feu pour être devant nous, au détriment des piétons.
Il y a aussi le fait qu’on est directement ralenti par le feu suivant et le flot de voitures alors qu’en grillant les feux on roule peinard, presque tout seul sur la route.
Je conseille de respecter les feux uniquement aux experts du vélo et de la circulation en milieu hostile. Pour les autres, traitez les feux comme un céder le passage voire un stop.
Olivier Issaly
J’ai un peu de mal à comprendre pourquoi suivre le flot est plus dangereux… Au contraire, plus notre comportement est prévisible (et la norme prévisible est de respecter le code quand même), moins les automobilistes seront surpris, moins c’est dangereux. J’ai même tendance à occuper volontairement le milieu de la route, notamment quand c’est de toute façon trop étroit pour doubler raisonnablement, « comme si » j’étais une voiture, et je trouve à l’usage que c’est mieux ainsi.
Sante
Griller un feu rouge en plein Paris, sans trop regarder, provoquant des situations de danger, mettant en péril sa vie, générant des tensions, c’est une vraie idiotie.
Mais s’il vous plaît, ne venez pas me dire que nos villes ont des feux qui favorisent autre chose que la voiture.
Ne venez pas me dire qu’on se repose à l’arrêt alors qu’en repartant on fait le double de l’effort (pour peu qu’on soit chargé).
Ne venez pas me dire qu’on est pas parfois aussi pressé que notre voisin en bagnole ou en métro ou à pieds quand on part au boulot ou on rentre chercher ses enfants.
Ne venez pas me dire que griller un feu qui t’arrête inutilement (parce qu’il n’y a personne à la ronde, parce le premier qui vient à ta gauche il est à 300m, etc) dans ton petit élan à 15km/h qui te permet de t’arrêter en 50cm si tu t’aperçois d’un danger, ça te fait sentir moins « la conscience tranquille »…
S’il vous plaît !
A moins qu’on ne parle juste de se balader, flâner, regarder le paysage, prendre son temps… Mais se déplacer à vélo tous les jours demande souvent d’être efficace, parfois de se presser, et il y a juste un constat : nos villes ne sont pas faites pour ça.
Une ville « bicycle-friendly » a des feux qui favorisent les vélos. Il n’y en a pas (ou très peu), pour le moment, ailleurs qu’au Danemark ou au Pays-Bas.
Olivier Issaly
Tous les usagers veulent être efficace, c’est pas une raison pour bloquer les portes du métro alors que le suivant arrive dans 2mn, pour faire de la trottinette sur le trottoir, rouler à contresens en 2RM ou griller des feux en vélo… Ça me parait difficilement un argument.
Je suis pas du tout du genre à flâner en vélo, comme je le dis d’ailleurs je n’arrive pas à rouler autrement qu’en me donnant à fond, d’où les problèmes de transpiration 🙂
Bien sûr, j’espère aussi qu’on arrivera à une situation et des infrastructures où on acceptera qu’un vélo ne met personne en danger, et qu’on peut tolérer des intersections plus fluides. Mais aujourd’hui ce n’est pas le cas, les intersections sont pensées pour les voitures hélas (même en tant que piéton certains carrefours sont horribles…).