La fin de l’année approchant, c’est aussi l’heure des bilans. Sur le plan personnel, 2019 aura surtout été marquée par le souhait de réduire mon impact environnemental au quotidien.
Le déclic m’est venu un peu plus tôt, à l’été 2018, alors que je lisais Let my people go surfing, du fondateur de Patagonia. On me l’avait recommandé pour le sujet management, mais c’est l’aspect environnemental que j’ai le plus retenu. Cela m’a d’autant plus marqué qu’on passait le premier été dans notre nouvel appartement à Paris. Nous avions mis beaucoup d’énergie (9 mois de travaux), et de finances bien sûr, dans un appartement qui s’avérait être invivable en pleine canicule. De là, j’ai commencé à remettre beaucoup de choses en question.
Chacun a ses prises de conscience. J’étais bien sûr informé (de façon parcellaire peut-être) du problème climatique, mais j’ai l’impression qu’il faut parfois que cela vous touche personnellement pour réellement intégrer ce qui se passe. Et entre la prise de conscience et les actions, pour diverses raisons, il s’est encore écoulé un peu de temps…
Qu’ai-je fait en 2019 ?
Ma bonne résolution de l’année fut de me mettre au vélotaf. En soi, c’était plus motivé par l’envie de retrouver un regain de forme que par l’impact écologique, vu que je ne me déplaçais déjà qu’en transports en commun dans Paris. Cela étant, cela m’a clairement ouvert les yeux sur la place aberrante de la voiture. Et le week-end à la campagne, je fais beaucoup plus de vélo pour aller faire les courses désormais, même si le premier commerce est à 5 kms. Au moins, cela force à n’acheter que l’essentiel !
Peu de temps après, en février, j’ai revendu ma Porsche. Outre le poids financier et d’image (je ne m’y suis jamais fait), je ne supportais plus la contradiction entre l’impact d’une telle voiture et mon souhait de réduire mon empreinte carbone. Entre temps j’avais acheté une Nissan Leaf électrique, ce qui m’a donné bonne conscience un temps, jusqu’à ce que je réalise que ça ne résoudra rien au problème climatique, hélas. J’essaye donc d’en limiter l’usage autant que si c’était une thermique.
Dans la foulée, nous avons privilégié systématiquement le train pour tous nos déplacements en France. On s’oblige à prendre des TER en correspondance plutôt que de demander à nos familles ou amis de venir nous chercher à la gare TGV parfois éloignée. On s’est mis au train de nuit quand il est encore disponible, comme pour notre repas de famille dans l’Aveyron.
Puis j’ai décidé d’arrêter de prendre l’avion à la fin du printemps. Les chiffres ne pardonnent pas, c’est inutile de faire un quelconque effort par ailleurs si c’est pour le ruiner au premier vol. Avec du recul, c’était je trouve la décision la plus facile à prendre, celle qui a le moins d’inconfort au quotidien. Cela m’a permis de réfléchir au sens du voyage, et de ce que j’en attendais. Clairement je ne manque pas d’idées pour continuer à voyager sous bien d’autres formes !
Et ensuite ?
Ça, c’était pour les décisions relativement faciles et à fort impact, dans mon cas surtout portées sur les transports. Reste le quotidien avec les décisions qui génèrent le plus d’inconfort à mon sens.
La question des déchets est la plus difficile. On ne parle pas du recyclage, mais bien de réduire drastiquement la quantité de déchets. Acheter en vrac en faisant l’effort de ramener ses contenants, cuisiner soi-même ses plats du midi plutôt que d’acheter à emporter du tout prêt sur-emballé, faire ses soupes et ses yaourts pour réduire les emballages, penser à prendre la sacoche à pain pour ne pas avoir un enième sachet papier, etc. Autant de multiples gestes au quotidien qui demandent beaucoup d’efforts, et les moments de faiblesse sont vite arrivés. D’autant qu’il faut parfois insister pour ne pas avoir de sac, un comble ! On débute tout juste une démarche vers le zéro-déchet, mais je sais que ce sera compliqué.
Je commence les efforts sur d’autres aspects aussi. Le chauffage en est un, en réduisant les températures ambiantes et en optimisant au maximum en période d’absence. La viande en est un autre, en particulier les viandes rouges dont le bilan est très négatif. Je ne suis pas un grand consommateur de viandes rouges, mais de la viande en général sûrement trop. Réduire drastiquement la consommation inutile et privilégier l’occasion est clé aussi, surtout pour tout ce qui touche à l’informatique. Et puis il y a l’eau, quand elle est chauffée… pour la douche. Je ne me suis pas encore résolu à réduire le temps que j’y passe j’avoue. Comme quoi la notion de confort est relative, j’ai trouvé plus facile d’arrêter de prendre l’avion !
Est-ce assez ?
Non bien sûr, on peut toujours faire plus, être plus radical. J’ai bien quelques idées en tête mais j’ai un couple à préserver quand même 🙂
Si j’ai eu la question climatique en tête tout au long de l’année, ce qui a achevé de me convaincre, c’est le cours de Jean-Marc Jancovici, CO2 ou PIB : il faut choisir. Très pédagogue, se concentrant uniquement sur les problèmes à travers des faits, il explique parfaitement bien à quel point nous sommes littéralement drogués aux énergies fossiles.
C’est ce qui m’a inspiré le titre du post, car du risque climatique ou énergétique, honnêtement je me demande si le second n’est pas le plus inquiétant. Nous n’allons pas avoir d’autres choix que de retrouver une sobriété énergétique, et le plus tard on le fera, le plus douloureux ce sera.
La bonne nouvelle dans tout cela, c’est qu’on va aller vers un temps béni pour les ingénieurs (même sans diplôme !), qui excellent à trouver des solutions sous la contrainte. Il y a tout à réinventer et repenser, et malgré les pensées pesantes que le sujet engendre inévitablement, c’est personnellement ce qui me motive le plus.
Vinciane
Que de similitudes avec nos dernières années ! Le sac à pain me fait sourire. Nous avions dû demander à ma mère de coudre le notre car on n’en trouvait pas.
Je suis d’accord avec toi, l’avion, la viande c’est facile. Mais encaisser le commerçant récalcitrant au marché face à tes contenants est beaucoup plus difficile pour moi. Ou faire face à l’absurdité de Noël tel que nous le « pratiquons » dans nos familles.
Mais le plus difficile reste je trouve de vivre avec ces prises de conscience, surtout quand ton conjoint te résume les cours de Jancovici au petit déjeuner 😄 Certains abordent le sujet avec un détachement presque scientifique, mais ce n’est pas mon cas 😏
Olivier Issaly
Ahah, c’est ma mère qui nous a fait la sacoche à pain aussi. D’ailleurs la boulangère ne s’y est pas trompé en me demandant si je l’avais faite. Quand je lui ai dit que c’était ma mère, elle m’a dit « Ça se voit, c’est robuste comme dans le temps ! » 😀
Oui les prises de conscience sont difficiles, et il faut savoir aussi je pense oublier un peu par moment (non pas relâcher les efforts, mais juste se changer les idées).
Mickaël
Je crois plus que jamais que c’est une politique sensible à l’environnement qui résoudra ça. Ne pas prendre un sachet à pain individuellement n’a que trop peu d’impact sur le sujet (même si beaucoup de gens le font), comparé à une contrainte légale ou financière de toutes les boulangeries à les limiter ou les supprimer. L’interdiction des sacs plastiques et des pailles est un exemple positif. Je fais mes courses avec un sac à dos, et j’utilise quand même les sacs plastiques pour les fruits et légumes car c’est plus pratique pour les amener en caisse. S’ils proposaient une solution plus écologique, non seulement moi automatiquement (sans effort personnel) mais des centaines d’autres usagers réduiraient leur impact.
Le sujet est souvent présenté comme une privation, alors qu’en fait on peut souvent le voir comme un simple changement d’habitude (sans connotation particulière) et parfois comme un intérêt (mutualiser des objets de rare usage avec ses voisins ce qui fait économiser de l’argent). Ca demande sans doute plus d’organisation et d’interaction.
Olivier Issaly
Partiellement d’accord seulement 🙂 C’est dé-responsabilisant je pense d’attendre tout du politique ou du légal. Les gestes des individus influent sur les politiques, qui eux-même peuvent instaurer les cadres légaux qui influent sur les entreprises, qui elles-même influent sur les individus via l’offre. Sans compter que l’action individuelle amène à changer l’offre des entreprises aussi.
Toute action d’un de ces acteurs a des effets sur toute la chaîne et fait avancer dans le bon sens. Ou fait avancer plus vite (quand tu vois qu’ils parlent de 2040 pour la fin des plastiques à usages uniques, clairement les individus ont plus d’avance que les politiques…).
Là où je suis pas d’accord, c’est sur le « sans efforts personnels ». Ça je n’y crois plus, malheureusement ce seront forcément des pertes de confort ou de facilité. La question est d’y trouver un sens.