Après des premières vacances cyclotourisme en 2020, nous avons renouvelé l’expérience cet été ! C’est ainsi que nous avons arpenté la Vélodyssée pendant 1040 kilomètres, en partant de Hendaye pour finir à Nantes. Autant que possible, nous avons appris de nos erreurs de l’an passé. Bon, on en a fait encore certaines, et aussi des nouvelles, mais globalement, c’était de super vacances !
De l’importance de l’équipement
Pas de tandem prêté par un ami cette fois-ci, nous avons chacun pris notre vélo personnel (« musculaire »). Le gros avantage fut de pouvoir mettre nos vélos non démontés dans les emplacements réservés du TGV, et donc de pouvoir faire Paris-Hendaye en 4h. Malgré la réservation payante obligatoire, autant vous dire qu’il vaut mieux arriver tôt avec ses vélos, et se battre un peu pour défendre son emplacement… Le service a ses défauts et doit être amélioré, mais remercions quand même la SNCF pour cette option qui ouvre plein de possibilités de voyage à vélo !
Comme l’an dernier, nous avions réservé tous nos hébergements, en chambre d’hôte, AirBnB ou hôtels parfois. Cela a l’avantage de ne pas se poser de questions ni stresser le soir, car on sait où on dort. Et cela fixe un objectif pour la journée (une ou deux fois, on se serait arrêté avant je pense…).
Cela aurait pu nous jouer des tours lors d’une avarie mécanique. Lors des 3 premiers jours, j’entendais que le vélo de Florent avait un bruit de roulement assez étrange quand même à chaque coup de pédales. Quand je l’ai emprunté pour me faire une idée moi-même, je n’étais plus serein sur la suite du voyage… La roue commençait à vaciller, elle avait un jeu latéral qui devenait conséquent. En fait, avec le poids des sacoches, l’axe de roue s’était cassé ! Heureusement, nous avons pu réparer cela à Biscarosse, en attendant seulement 2h chez un loueur saisonnier qui nous a changé la roue entière (à défaut d’avoir seulement l’axe en rechange).
La plus grosse erreur l’an dernier concernait les distances quotidiennes. Cette fois-ci, nous avions mesuré plus précisément à l’aide de Geovelo, pour se limiter à 70kms par jour. Seulement voilà, dès le deuxième jour, Florent, qui se plaignait avant de partir de ces vacances trop « sportives », s’est dit que quitte à faire 870kms (prévus à l’origine), autant viser les 1000 ! Et donc à coup de petit détour pour des visites, nous avons fait 80kms par jour en moyenne.
Personnellement, les jambes ont bien suivi; en tout cas, c’est seulement une fois arrivés que je me suis rendu compte de l’état de fatigue ! Par contre, j’ai eu comme l’an dernier une douleur à l’épaule droite… Je pensais que c’était dû à la position du tandem Hase Pino l’an dernier, mais cette fois-ci j’avais mon vélo du quotidien à Paris, je ne m’y attendais donc pas.
On s’est arrêté chez un autre loueur, pour ré-hausser la potence et soulager ainsi un peu mon épaule, mais le mal était fait, et autant dire que les 300 derniers kilomètres ont été parfois difficiles. En réalité, mon vélo est probablement une taille trop grande (L au lieu de M, je suis entre les deux en taille), et il m’a fallu aussi changer pour une potence plus courte en arrivant, pour que cela tire moins sur les épaules.
Clairement, on néglige trop l’importance de la position sur le vélo, d’autant que cela se joue à coup de centimètres de réglages par-ci par-là. Le reportage récent de Biclou explique bien cela, ne prenez pas ça à la légère si vous partez sur de longues distances ! C’est d’autant plus vrai pour un vélo du quotidien, même si vous ne le sentez pas sur des courtes distances…
L’intérêt des véloroutes
Suivre un itinéraire comme la Vélodyssée offre bien des avantages, qui nous ont plus fait apprécier les vacances que l’an dernier.
La signalétique fait déjà gagner énormément de temps. En coupant à travers les campagnes l’an dernier, nous nous arrêtions à chaque patte d’oie pour vérifier l’itinéraire; c’était autant de temps et d’énergie perdus à relancer. Cette année, on a suivi les panneaux sans se poser de question, c’était un gain de temps significatif, et reposant mentalement aussi.
À tel point que les quelques fois où la signalétique de la Vélodyssée était mauvaise, ou bien confuse (comme en Vendée où elle est parfois remplacée par celle de la Vendée à vélo), on a tendance à râler. J’ai pris conscience de cela à plusieurs reprises : une véloroute officielle crée des attentes, et on peut être déçu parfois !
C’est surtout vrai sur les infrastructures. J’ai l’impression qu’on a fait 90% de l’itinéraire sur des pistes cyclables. Autant dire qu’on est vite déçu ou intolérant sur les 10% de voies partagées, vu le risque encouru avec les voitures. On peut même attribuer un carton rouge sur la route de la Corniche entre Hendaye et Saint-Jean de Luz, les pires 5 kilomètres du trajet vu la densité du trafic automobile…
Et parmi les 90% de pistes, toutes ne se valent pas. C’est là qu’on mesure le retard dans les infrastructures, et surtout les mentalités de ceux qui les conçoivent, qui clairement ne font pas de vélo (ou sont masos…). J’ai très souvent eu l’impression d’être balloté d’une piste à droite, puis à gauche, puis à nouveau à droite, sans arrêt. Toujours cette impression qu’on ne sait pas où mettre la piste cyclable, alors on la met où on peut, tant bien que mal, quitte à faire des pistes illogiques ou ridicules parfois.
Surtout, il arrivait très souvent que la piste cyclable en ville soit partagée avec les piétons (sur le trottoir en somme…). Souvent, dans des villes peu animées, ce n’est pas gênant. Mais c’est inadmissible dans les villes balnéaires, comme sur les fronts de mer, où de très nombreux promeneurs marchent sur les trottoirs. C’est source d’accidents ou de conflits, et autant aller rouler sur la route… Carton rouge ici au pont Charles de Gaulle entre Saint Jean de Luz et Ciboure, où malgré 4 voies de voitures, on demande aux cyclistes de mettre pied à terre et d’emprunter le trottoir…
Nous avons vu beaucoup de positif cela dit. Comme les passerelles cyclistes à Hendaye. Ou ce pont réduit à une voie avec un feu, l’autre voie étant dédiée aux cyclistes et piétons (beau courage politique !). Ou ces pistes bien délimitées de la route par des barrières.
Et puis il y a ces nombreuses voies douces, à travers les forêts landaises ou les marais dans les Charentes ou la Vendée. Outre le fait d’être au calme, dans la nature, loin du trafic automobile, ce sont de longues voies avec peu d’intersections. On se fatigue donc moins en évitant de s’arrêter et de relancer, et ces belles sessions de roulage font une grande différence sur la distance qu’on peut parcourir chaque jour, à effort équivalent. Le vrai bonheur étant les anciennes voies ferrées transformées en voies douces, bien que j’y ai éprouvé un peu de nostalgie en imaginant ce que pourrait être les déplacements en France si on avait gardé fonctionnel un tel réseau ferré…
L’accueil des cyclotouristes
Étonnamment, nous n’avons pas vu beaucoup d’équipements pour les cyclotouristes sur ces voies douces. Je pensais voir plus de stations de gonflage ou de réparation, ou tout du moins plus fréquemment. Mais un des avantages de la Vélodyssée c’est le grand nombre de loueurs saisonniers sur la côte. Nous nous y sommes arrêtés deux fois (pour la roue et la potence), et ils n’hésitent pas à faire passer les cyclotouristes en priorité pour ne pas les retarder dans leur voyage. Merci à eux !
En partant de Hendaye, nous avons vu un service parfait pour les cyclotouristes : un parking à vélo surveillé (opéré par Wheelskeep). Car le plus gros problème dans ces vacances, ce sont les sacoches. Qu’en faire pendant qu’on visite ou qu’on s’arrête faire une promenade ? Il n’y a malheureusement pas toujours d’endroit ou d’accueil pour les garder. Ainsi, sur la dune du Pilat, j’ai dû prendre avec moi la sacoche avec mon ordinateur portable. Sur ce sujet, carton rouge à la Maison de Georges Clémenceau qui n’a rien voulu savoir pour nos sacoches, malgré le fait qu’ils accueillent beaucoup de cyclotouristes en étant directement sur la véloroute.
Des vacances pour tous
À la différence de l’an dernier, où en coupant à travers les campagnes, nous étions assez seuls, cette fois-ci nous avons croisé beaucoup de cyclotouristes. Ce qui est frappant, c’est la diversité des gens ! Des jeunes à l’arrache (ça m’a rappelé notre Paris-Étretat pendant les études), des familles où les enfants à vélo portaient aussi leurs sacoches, des retraités en autonomie qui prenaient leur temps pour traverser la France. Nous avons même croisé une famille où chaque parent avait un tandem Hase Pino, avec un enfant chacun à l’avant en guise d’assistance !
Ces rencontres avec les autres cyclotouristes avaient parfois lieu lors des pauses déjeuners, sur des coins pique-niques. Les premiers jours, nous avons refait l’erreur de l’an dernier en s’arrêtant le midi dans des restaurants (trop contents d’être en vacances !), ce qui fait de trop longues pauses et alourdi au redémarrage… Très vite, on a repris la bonne habitude (conseillée par les pionniers du cyclotourisme) : faire des pauses courtes et plus fréquentes, en étalant son repas au cours de la journée.
Au final, comme l’an dernier, j’ai trouvé que ces vacances à vélo permettent de bien déconnecter, probablement plus que les vacances « road trip » qu’on faisait avant. On prend plus le temps de profiter des paysages, et à pédaler toute la journée, on ne réfléchit pas trop 🙂
Si ces vacances vous tentent, le plus important c’est de ne pas trop prévoir en kilomètre, pour ne pas présumer de ses forces déjà, mais aussi pour se laisser le temps de visiter ou de rester plus longtemps à un endroit. Pour récupérer, nous avons fait 2 jours de repos sur 15, et en restant deux nuits au même endroit (près de la plage en l’occurrence), c’était indispensable !
En tout cas, je recommande de débuter par une véloroute en France : cela simplifie grandement l’organisation, et les sites comme celui de la Vélodyssée listent déjà à chaque étape ce qu’il est intéressant de visiter.
Un dernier conseil si vous optez pour la Vélodyssée sur la côte Atlantique : il est plus malin de suivre le sens officiel du nord au sud. Pour rejoindre un évènement familial à Nantes fin août, nous l’avons faite du sud au nord, mais autant dire qu’au mieux nous avons eu le vent en latéral, bien souvent de 3/4 face, et régulièrement de face ! Oui, déjà l’an dernier nous avions fait la baie du Mont St Michel d’est en ouest… Peut-être on apprendra enfin lors d’un troisième voyage ! 🙂
Alain
Bravos à vous
Récit très intéressant et instructif mettant bien en avant les points positifs et les conseils concernant les erreurs à éviter
Merci
Olivier Issaly
Merci de nous avoir accueilli à Pornic 🙂
Mickaël
Super ! Bravo à vous, beau voyage !
C’est bien que la route soit bien indiquée, car de mon expérience c’est pas facile de suivre un « itinéraire vélo » en vélo, paradoxalement, car les indications manquent, et en cas d’erreur c’est difficile de se retrouver sur les cartes/GPS qui pour la plupart ne présente pas les options vélo.
Pour le train, je partage ton constat. Le seul truc bien c’est le TER. Pour le reste, il vaut mieux arriver le premier à la première gare du train, et ressortir le dernier au terminus 🙂 dans ce cas ça se passe bien !
Est-ce que vous avez utilisé une appli pour votre parcours ? Une trace GPS ?
Dans tous les cas, ça donne très envie de (re)faire du vélo longue distance tout ça !
Olivier Issaly
Merci 🙂 Pour la trace GPS c’était bien indiqué en général, mais j’avais en parallèle la carte du site de la Vélodyssée chargée en cas de doute. Et puis toujours Geovelo quand on fait des écarts pour trouver les bons itinéraires 🙂
Guillaume Mouron
J’ai enfin lu ton compte-rendu !
Ça donne envie, et la côte atlantique est tellement belle 😍
Olivier Issaly
Merci ! 🙂