Depuis quelques semaines, le gouvernement a pour projet, dans le cadre des efforts nécessaires pour le budget, de raboter les mécanismes de JEI et CIR. Le projet était discuté hier soir. Ces mécaniques sont très utiles pour le monde des start-up et la réaction du monde l’innovation ne s’est pas faite attendre (voir ici, là, là bas ou là par exemple).
En tant que dirigeant ayant bénéficié du JEI pour ma société, je suis bien conscient de l’importance de ces mécaniques d’aides à l’innovation. En tant que contribuable, bien que je suis content de payer mes impôts en France, je déplore aussi régulièrement les arbitrages budgétaires incompréhensibles.
Pour autant, en tant qu’entrepreneur, et avec tout le respect que j’ai pour mes semblables, je ne comprends pas du tout les réactions excessives, allant même jusqu’à mettre dans la balance le fait de partir aux USA plutôt que d’entreprendre en France. De même, je n’adhère pas du tout à la complainte régulière des entrepreneurs concernant le manque d’investisseurs en France. Non pas que je conteste ce manque, mais à mon sens, ce type de complainte n’est pas du tout dans l’esprit d’entreprendre.
Entreprendre, un état d’esprit de liberté
Il y a 5 ans, j’ai fait le choix d’être entrepreneur. À l’époque, et encore aujourd’hui, mon état d’esprit était très clair : je voulais être libre. Et plus que tout, je voulais être indépendant, et n’avoir à compter que sur moi, pour ne m’en prendre qu’à moi même si les choses n’allaient pas. En somme, je ne veux pas dépendre du bon vouloir de quelqu’un, qu’il s’agisse d’une école quand on est jeune, de l’État, d’investisseurs, de plateformes propriétaires ou tout autres parties évoluant avec l’entreprise. Les seules personnes à qui je veux avoir des comptes à rendre, ce sont les clients.
Et c’est précisément ce qui me gêne dans ces réactions d’entrepreneurs. Cela donne le sentiment que ces aides d’État sont indispensables aux start-up, au point même de sous-entendre qu’entreprendre en France deviendrait impossible. Je connais bien l’importance de ces aides, mais à mon sens cela ne doit pas arrêter un projet entrepreunarial. Si il y a des aides, tant mieux, si il n’y en a plus, tant pis, on trace notre route et on continue.
Le prix d’être entrepreneur, d’être libre et indépendant, c’est celui de devoir être capable de s’affranchir des contraintes de l’environnement dans lequel on évolue, ou de composer avec :
- Il n’y a pas assez d’investisseurs ? Qu’à cela ne tienne, on va chercher ses clients un par un et on auto-finance sa société.
- On est jeune et l’école veut pas aménager les études pour gérer sa société en parallèle ? Qu’à cela ne tienne, on peut arrêter ses études.
- Il n’y a plus d’aides d’État ? Qu’à cela ne tienne, il va falloir dégager plus de chiffres et de marges, faire du business en somme.
- Les lois du travail sont contraignantes en France ? Qu’à cela ne tienne, on apprend à faire preuve de rigueur dans son management.
Voilà pourquoi j’adhère rarement aux complaintes d’entrepreneurs, ce n’est pas l’image de l’entrepreneur que j’ai envie de donner, mais plutôt celle de gens qui construisent sans attendre que l’environnement autour bouge à leur convenance.
L’excellent documentaire Quand l’Internet fait des bulles avait parfaitement saisi ce point, avec cette séquence mémorable de Jérémie Berrebi devant les sénateurs, leur expliquant qu’il n’attend rien d’eux et que c’est pour cela qu’il avance ! Dommage que cet état d’esprit semble être oublié récemment.
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