« Tout le monde est remplaçable ». J’ai souvent entendu cette phrase. On me l’a souvent dite quand nous faisions face à des départs clés dans ma première entreprise Owlient, sûrement pour nous rassurer. Et j’ai fini par le croire.

C’est une idée à laquelle il est assez facile d’adhérer en tant que fondateur. Pendant une ou deux années, parfois plus, vous avez porté votre projet à bout de bras avec de multiples casquettes. On pense alors pouvoir surmonter n’importe quel départ d’une personne clé, car après tout, il suffira de rempiler une casquette de plus, on sait faire, non ?

La réalité est bien sûr différente. Un parallèle m’est venu à l’esprit en discutant rénovation immobilière avec ami. Les immeubles ont tous ce qu’on appelle des murs porteurs et d’autres non-porteurs. Mais dans les vieux immeubles, il y a aussi souvent des murs non-porteurs, qui le sont devenus au fil du temps, à force d’enlever une cloison non-porteuse par-ci, de créer des ouvertures dans les murs porteurs par-là, sans parler des mouvements du sous-sol (construction de métro, etc.). L’équilibre de la structure change par petites touches, et des cloisons non-porteuses deviennent porteuses.

C’est un peu la même idée dans une société : avec le temps, on aurait tort de penser que tout le monde est remplaçable. Car c’est s’exposer au risque qu’un pan de l’édifice s’écroule. Et si tout est réparable, ce n’est jamais sans conséquences.